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Pharoa : l'artiste émergent de la scène rap alternative présente son nouveau single “555”
En 2022, pharoa sort en indépendant son premier EP : “wav”. Cet opus qui se veut aussi intimiste que lunaire. Au total, ce sont 7 titres riches et authentiques qui permettent aux plus curieux de découvrir son univers. À la fois underground et psychédélique, sa musique oscille entre mélodies planantes et beats agressifs, presque futuriste. Pharoa, l’artiste émergent de la scene rap alternative, autrement appelé “celui qui ne rentre dans aucune case”, nous présente son nouveau single “555” et se confit sur son experience et ses inspirations. Morceau après morceau, c’est un univers sombre et mélancolique qui se dessine alors autour de l’artiste. Un univers dans lequel il nous invite pour une interview exclusive.
Direction créative : Gabin Ducourant
Photographe : Emilie Ferguson
Styliste : Anais Kevorkian
Assistant : Misscouvie Mutuale
Talent : Pharoa
Studio : Amaury Paris
Présente toi en quelques lignes, d’où viens-tu et d’où vient le nom « pharoa » ?
Je m’appelle Jonathan mais tout le monde m’appelle Jo, j’ai grandi dans le 91 à Athis Mons et je suis actuellement basé dans le 93 à Montreuil. J’écris des textes de rap depuis que j’ai 18 ans je pense, mais c’est vraiment depuis 2018 et ma rencontre avec Alpha Wann sur son clip Louvre que je m’y suis mis sérieusement, sous le nom de “pharoa”. Ce nom m’est venu car, quand j’étais plus jeune, on comparait souvent la forme de mes yeux à celle des égyptiens. Comme ils sont en amande c’était facile. Et y a peut être 5-6 ans un pote m’avait dit en sortant du métro après une soirée “mais en fait t’as des yeux de pharaon toi!”. Et puis la blague a duré, le surnom est resté, et pharoa est devenu mon nom d’artiste. Je trouvais que ça sonnait bien. Je dois avouer aussi que le mystère autour de l’Égypte ancienne et des pharaons m’a toujours fasciné. En particulier leurs liens avec l’au-delà… Et petite anecdote en plus : je suis un fan de N.E.R.D, donc de Pharrell, et lui même se surnomme “SON OF A PHARAOH” sur insta. La coïncidence me plait bien.
Raconte-nous l’histoire derrière ton nouveau projet «555».
Je venais de sortir mon premier EP “wav”. en juin 2022. Degzmann, un pote compositeur, m’avait envoyé une prod bien “violente” qui résonnait grave en moi mais il me manquait quelque chose pour qu’elle sonne différemment de l’EP. J’ai donc demandé à Basile Peter avec qui je bosse en studio, et qui m’accompagne aussi sur scène en tant que DJ, de jouer à la guitare un truc à la « Dazed and Confused » de Led Zeppelin et là y a quelque chose de fort qui s’est créé et qu’on a tous kiffé. Y avait une sonorité psychédélique qui prenait aux tripes et c’est exactement ce que je recherchais dans ce son. Pour la prod, j’ai eu envie d’écrire sur les nouvelles personnes qui m’entourent, les gens avec qui je fais du son et avec qui je me retrouve sur scène. En fait c’est une sorte de big up à ma team. Les chiffres 555 signifient qu’un changement important est imminent. Pour le clip, avec Antoine Bourhis (réalisateur) on voulait faire quelque chose de cinématographique et conceptuel, montrer qu’on aime jouer avec les images, mais d’une manière originale et artisanale. Il a eu donc cette idée de collage et ça m’a directement parlé. J’avais jamais vu ça avant, dans le hip hop en tout cas. J’étais impressionné du résultat et je trouve que ça collait bien au son. On est très fiers de ce projet.
Comment décrirais-tu l’évolution de ton style musical depuis la sortie de « WAV », ton premier EP ?
Je sens que je me rapproche progressivement de ce que je veux être, de comment pharoa doit sonner, ou être vu. Y a ce truc un peu mystique qui est toujours là, dans les sons par exemple, mais je cherche à faire la balance avec quelque chose de plus profond, et de plus sincère avec moi-même.J’ai toujours cette envie d’explorer de nouvelles sonorités, de digger des sons en dehors du Rap et du Hip Hop. Mon style évolue beaucoup en fonction de ce que j’écoute. En ce moment par exemple, je suis dans une période où je réécoute les Velvet Underground, Oasis et The Strokes, mais y a aussi du Future et du Kanye West qui tournent à côté. Je suis en plein testing de nouvelles sonorités, et je tente un peu de faire un puzzle avec un tas de pièces différentes, pour voir comment elles peuvent s’imbriquer.
On remarque bien dans tes projets que tu n’oublies pas de mettre l’accent sur ton identité visuelle, d’où viennent tes inspirations et qui est derrière ces réalisations ?
Je crois que je suis quelqu’un de très perfectionniste. J’aime proposer des choses telles qu’elles sont dans ma tête, j’ai pas envie de trahir mes principes. L’identité visuelle est essentielle pour me différencier des autres et ça doit ressembler le plus possible à ce que je suis et à ce que j’aime. Mes inspirations sont très variées. J’aime les films de Stanley Kubrick, Wes Anderson, Spike Jonze et Wim Wanders, mais aussi le travail de Dexter Navy par exemple et notamment ses vidéos avec A$AP Rocky sur son deuxième album studio.
Mes deux premiers clips ont été réalisés par Antoine Bal que je considère comme quelqu’un de très saisissant dans son esthétique visuelle. Travailler avec lui c’est une chance. Et le résultat est toujours très puissant. Pour le clip de « vibration », au tout début de la vidéo je voulais faire un clin d’œil à Shining de Kubrick pendant la scène du bar entre le barman et Jack Nicholson, avant que le clip montre à son tour que quelque chose d’étrange se passe dans ce bel endroit, illuminé de cette lumière rouge qui cogne.
Le clip le plus récent, “555”, a été réalisé par Antoine Bourhis comme je le disais plus tôt. C’est lui qui s’occupe notamment de toute ma DA depuis le début de ma jeune carrière. On se comprend bien sur nos idées et sur ce qu’on veut montrer aux gens. Il a des influences diverses et variées dans la mode, la photo, le design, etc… Ce gars me capte de ouf, même pas besoin de trop lui parler. On s’appelle sur un projet et il arrive à lire dans mes pensées. Ensuite on collecte toutes les idées qu’on a et on voit ce qu’on peut en faire de fort visuellement.
Dans ton morceau ‘no mercy’ tu racontes l’histoire “d’une passion qui détruit, d’un amour qui déchire”, est-ce une expérience personnelle ?
C’est une expérience que j’ai vécue personnellement et je pense que d’autres aussi l’ont vécu. On s’y retrouve tous à un moment donné car on contrôle pas ce qui nous arrive, et notre environnement ne joue pas toujours en autre faveur.
Je l’avais écrite à un moment de ma vie où un rien pouvait me saouler. Le genre de période où tu repenses à des choses qui te blessent intérieurement, et tu peux rien y faire. Seul le temps arrange ces choses-là, donc t’essayes de faire le vide et de t’échapper de ta lourde réalité.
J’ai choisi cette prod de Degz qui résumait bien mon état d’esprit à ce moment-là. Elle dégage beaucoup de mélancolie, mais aussi un sentiment profond d’angoisse et d’agacement. En live elle fonctionne très bien je trouve, tu ressens encore plus la couleur obscure du son.
Si tu devais soutenir une cause laquelle serait-elle et pour quelles raisons?
Je pense que ce serait la cause des femmes et les droits de l’enfant. Tout d’abord parce que j’ai été depuis mon enfance entouré de beaucoup de femmes, que ce soit mes petites sœurs, mes tantes, mes cousines ou bien même des amies, et que malheureusement on peut être aussi témoin de l’oppression qu’elles subissent au quotidien. Y a eu une hausse incroyable de féminicides en France. C’est effrayant et hallucinant de voir que la protection est insuffisante pour les femmes victimes de violences dans ce pays.
Et quand je parle des droits de l’enfant je fais référence au droit à l’éducation, à celui d’être soigné, d’être protégé et soutenu en cas de maltraitance physique, ou d’insuffisance alimentaire… tout ce qui s’inscrit dans nos valeurs et nos principes en tant qu’humain, être bienveillant envers l’autre.
Qu’est ce qui t’as poussé à te lancer dans la musique
et quels conseils donnerais-tu à la jeune génération qui souhaite se lancer ?
Ce qui m’a poussé à faire de la musique c’est le fait d’écouter en boucle ceux qui m’ont toujours inspirés artistiquement depuis mon enfance : les Strokes, les Guns N’ Roses, Michael Jackson, puis MC Solaar, Kanye et Alpha Wann, la liste est très longue.
Plus jeune j’avais un groupe de rock avec des amis du lycée, on rejouait des sons des Red Hot Chili Peppers, Nirvana, Wolfmother ou même les Ramones. J’étais guitariste du groupe et je m’occupais parfois de chanter (c’était horrible à l’époque haha), mais j’en garde de très bon souvenirs, c’était cool. Et puis j’ai jamais aimé l’école donc je préférais suivre les voix dans ma tête et faire ce qui me plaisait réellement. Le rock était le premier échappatoire et le rap est venu après. L’écriture, les variations de flow, le choix des prods, la liberté de composer avec tout ça m’a fait me dire qu’il y avait toujours quelque chose de bien lourd qui pouvait sortir d’une session studio.
Le seul conseil que je pourrais donner à ceux qui souhaitent se lancer, c’est de s’écouter et de bien s’entourer, ne pas se comparer et proposer quelque chose de différent. Et surtout, même si c’est dur par moment, il faut rester positif et ne pas avoir peur de prendre des risques. En s’y efforçant ça finira par payer.
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