Tailoring Black Style : quand la mode écoute l’Histoire

 Le Met Gala ne sera pas un simple tapis rouge. Cette année, la mode prend position avec un thème profondément politique : “Superfine: Tailoring Black Style”. Une célébration du dandysme noir, longtemps effacé des récits dominants, et une reconnaissance de celles et ceux qui ont utilisé l’élégance comme langage de survie, de révolte, et de pouvoir.

Inspirée du livre Slaves to Fashion de Monica L. Miller, l’exposition explore l’histoire du style noir depuis le XVIIIe siècle. Ici, le tailoring l’art de la coupe sur-mesure devient un manifeste. Derrière chaque veste bien taillée, chaque costume impeccable, se cache une volonté d’exister autrement dans un monde qui n’a pas toujours laissé cette possibilité.

Répartie en douze sections thématiques (Presence, Heritage, Freedom, Cool…), l’exposition du Costume Institute met en lumière un récit vestimentaire riche, trop souvent mis sous silence. On y croise des vêtements d’époque, des portraits oubliés, et les œuvres de designers contemporains comme Virgil Abloh, Grace Wales Bonner ou Dapper Dan, qui déconstruisent les codes du luxe pour mieux les détourner.

Le dress code de la soirée, “Tailored for You”, pousse chaque invité(e) à s’approprier le tailoring de manière personnelle. L’objectif ? Briser les standards, questionner les canons, et rendre visible la multiplicité des identités noires à travers le vêtement.

Plus qu’un gala, le Met 2025 est un espace de reconnaissance. Un moment où la mode, enfin, commence à écouter l’Histoire. Mais espérons qu’elle ne se contente pas d’un hommage d’un soir car la révolution esthétique noire mérite plus qu’un thème: elle mérite sa juste place, durable et centrale, dans l’industrie.

Et pour incarner ce thème ambitieux, le choix des personnalités mises en avant cette année n’a rien d’anodin. 

Cette année, la liste des co-présidents du Met Gala n’a rien d’anodin : Pharrell Williams, A$AP Rocky, Colman Domingo, Lewis Hamilton et, bien sûr, Anna Wintour. Tous, à leur manière, incarnent l’excellence noire ou l’engagement pour une mode plus inclusive. Le choix de ces figures publiques envoie un message clair : il ne s’agit pas de surfer sur une tendance, mais d’ouvrir un espace où les voix noires ont le pouvoir de diriger le récit. Même LeBron James, connu autant pour ses actions sociales que pour son influence dans le sport, endosse le rôle de président honoraire. Une manière de rappeler que la culture noire ne se limite pas à la performance, mais s’impose aussi dans la réflexion, la création et la transmission. Ce casting reflète une volonté d’ancrer le Met Gala dans une démarche culturelle forte, et non dans un simple exercice de style.